mercredi 7 juillet 2010

APRÈS LA PLUIE…LA TORNADE!

C’est décidément un été à oublier pour la Saskatchewan. La nature s’acharne contre la malheureuse province. Ce n’était pas assez des inondations, voilà qu’il grêle au lac Peltier (et toute une grêle, des balles de golf!) et, surtout, une tornade frappe une réserve amérindienne, au nord de Regina. La réserve de Kawacatoose n’a que 1750 habitants, et voilà qu’une centaine d’entre eux se retrouve sans logis: la tornade a soufflé 15 maisons, et 5 autres sont vachement endommagées.

Le désespoir était palpable chez les autochtones. Je suis allé les rencontrer ce matin pour la télévision de Radio-Canada. Un témoignage en particulier m’a frappé: un type qui avait l’air tout ce qu’il y a de plus sympathique, Clark Tobacco, m’annonce qu’il fera du camping à côté de sa maison jusqu’à ce qu’elle soit reconstruite. C’est-à-dire probablement pas avant octobre. Toute sa famille dort donc dans une tente pour l’été, y compris sa vieille mère, qui a de la difficulté à marcher. Mais le pire est que la maison est une perte totale. Toutes les maigres possessions de Clark sont parties dans le vent avec son toit. Déjà, les autochtones en Saskatchewan vivent dans une pauvreté incroyable. Ils n’avaient vraiment pas besoin d’un malheur pareil. Mais qui en a besoin, au fond?

Je suis en Saskatchewan depuis une semaine et demie, et je ne cesse d’être confronté à la misère. Que ce sont les inondés de Yorkton ou les victimes de la tornade de Kawacatoose, le même découragement, la même impuissance. Ça me frustre. Nous passons nos journées sur le terrain parmi des gens qui ont tout perdus, et qui ne sont pas assurés en cas de désastre naturel. Certes, la province s’est engagée, à Kawacatoose comme ailleurs, à fournir une aide matérielle. Mais ça ne couvrira jamais tout, il y a trop de catastrophes partout en Saskatchewan. La province toute entière est sinistrée, du nord, où des feux de forêt font rage, au sud, où la pluie n’est pas foutue de cesser. Les autochtones, d’ailleurs, ne se font pas d’illusions. Déjà, aujourd’hui, ils ont lancés un appel à l’aide pour obtenir des dons du public.

Il y a un autre aspect aussi, à ne pas négliger: les blessures psychologiques. Les habitants de Kawacatoose sont encore traumatisés par ce qui s’est produit. Clark m’avouait ne pas être capable de dormir depuis la tornade, il y a trois jours. Il ne cesse, en fermant les yeux, de revoir son toit partir au vent, tandis que ses oreilles bourdonnent si fort qu’il croit que ses tympans vont se crever. Il se réveille au milieu de la nuit, après avoir rêvé à nouveau à la tornade. Voilà des séquelles qui ne sont pas prêt de s’estomper. Une maison peut être reconstruite. Mais notre sentiment de sécurité, par contre…

Au moins les habitants de Kawacatoose s’entraident beaucoup. C’est définitivement une coutume, ici en Saskatchewan, chez les Blancs comme chez les Amérindiens. Tout le monde met la main à la pâte pour aider au nettoyage, et je suis sûr qu’il en sera de même pour la reconstruction. J’espère que cet esprit communautaire si développé accélérera la reconstruction, tant à Kawacatoose qu’à Yorkton ou Saskatoon. Pour l’instant, à tout le moins, il y a un engagement ferme du gouvernement provincial pour remettre tout sur pied. Pour l’heure, la Saskatchewan est sous perfusion. Mais tout don de sang permet de renouveler celui qui coule dans les veines du malade, et lui assure une santé future.

Pour en savoir plus sur la tornade de Kawacatoose: http://www.radio-canada.ca/nouvelles/regional/saskatchewan/. Allez voir les deux derniers bulletins de nouvelles du Téléjournal provincial.

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