samedi 18 septembre 2010

CARNET DE VOYAGE, PARTIE 1



Je sais, je sais, je ne suis pas le plus productif des blogueurs. Un mois complet depuis mon dernier texte. J’ignore si certains d’entre vous me lisent encore, mais si c’est le cas, merci de votre patience. Je vous jure que je pense encore à vous, c’est le temps qui me fait défaut. Et quand je l’ai, je vous avoue que je le prends souvent pour autre chose. Mais bon, après plusieurs jours à me dire: « Je vais le faire », j’ai enfin repris le clavier d’ordinateur pour vous raconter mon plus récent voyage.

Il commence à dater…c’était la fin de semaine de la Fête du Travail, il y a donc 15 jours. Comme j’ai fait pas moins de 1700 kilomètres en trois jours, je vais diviser le voyage en trois, pour bien parler des trois endroits où j’ai mis les pieds pour plus qu’un plein d’essence ou un arrêt à la salle de bain.

Samedi, 4 septembre 2010

Après avoir pris la voiture réservée plus tôt dans la semaine, je prends la bonne vieille Transcanadienne. Direction: l’ouest. Après 3 heures sur l’autoroute réputée comme la plus ennuyante au pays (et je suis peiné de le confirmer, la mettant ex aequo avec notre 40 québécoise), j’arrive à Swift Current, ville la plus importante du sud-ouest de la Saskatchewan. Elle compte 16 000 habitants, et en plus d’être un important centre de services, c’est LA place de la province où on trouve le plus de compagnies d’extraction de pétrole et de gaz naturel. L’économie locale est énormément basée sur l’exploitation de combustibles fossiles.

Tout de suite après Swift Current, on quitte enfin la Transcanadienne (à notre grand bonheur) pour la route 32, vers le nord-ouest. Plus on avance sur cette route, plus le décor change. On entre tranquillement dans un paysage digne d’un western de Sergio Leone. Le spectacle est hallucinant, on n’arrive pas à croire qu’on est toujours au Canada. Le sol est de plus en plus sablonneux, mais une multitude d’herbes sèches y pousse néanmoins. Pas de cactus, on s’entend, mais plusieurs petits buissons épineux et des herbes folles. Et surtout, plusieurs buttes à perte de vue, où vont paître des vaches, des moutons et surtout, surtout, des chevaux. Les plus grands éleveurs de l’Ouest du Canada se trouvent dans la région, des deux côtés de la frontière alberto-saskatchewanaise. Bienvenue au pays des ranchers.

Après une petite heure à poursuivre notre chemin vers le nord-ouest, on arrive enfin dans la petite ville de Sceptre (prononcé Sep-teur, à l’anglaise). Là, il y a un petit chemin de gravier à prendre pour aller plein sud. Je conseille à quiconque y va de s’adresser sur place au Great Sandhills Museum plutôt que de chercher par lui-même: c’est trop difficile d’avoir le bon chemin et ne pas se buter, après 15 minutes, sur un ranch où s’arrête la route.

On prend donc ce petit chemin de gravier, puis après environ neuf kilomètres, on tourne vers l’ouest, sur un chemin de terre. Rapidement, on reprend un autre chemin de terre vers le sud. Quelques kilomètres plus tard, on arrive enfin à destination: les Great Sandhills.


À la fin de la dernière époque glaciaire, presque toute la Saskatchewan était recouverte d’un glacier. Lorsque celui-ci s’est mis à fondre, l’eau a transporté avec elle quantité de sable, qui s’est tout déposé dans la même région, à environ 100 km au nord de Swift Current. Cela a créé d’énormes dunes de sable, séparées entre elles par de petits vallons: les Great Sandhills.

Comme vous pouvez le voir sur les photos, seule une végétation extrêmement résistante a réussi à prendre possession des Great Sandhills. Dans les vallons, quelques arbres. Mais sinon, c’est comme notre petit désert à nous. Des plantes basses et épineuses, des herbes folles, des fleurs sauvages, des mousses semblables à du lichen. Mais surtout, du sable blanc, à hauteur d’homme et plus haut encore, et à perte de vue. De quoi couper le souffle au sommet d’une dune, avec le ciel bleu au-dessus de ces monstrueux amas de sable.

Les Great Sandhills ont eus de la chance. Contrairement à leurs homologues albertains, les Sandhills, ils n’ont jamais été peuplés. Le sol était impropre même à l’élevage extensif, et les ranchers les ont négligés. Ce qui fait que sur 1900 km², on trouve encore cet environnement dans un état sauvage. En conséquence, la province en a fait une aire protégée, et surveille étroitement l’endroit pour s’assurer que les touristes et les ranchers ne mettent pas en péril le fragile écosystème de l’endroit. Je n’ai pas eu l’occasion d’en voir durant mon séjour sur place, mais on m’a dit que quelques gardes-chasse patrouillent à cheval la région, et veillent à préserver l’environnement tel quel.

Soyons clair toutefois: ce n’est pas parce que les Great Sandhills sont désertiques en apparence que c’est le cas. Si vous avez l’occasion de faire une petite randonnée pédestre dans cette région désolée, vous verrez rapidement plusieurs espèces d’oiseaux et d’insectes que nous ne pourrons jamais voir au Québec. C’est également un des seuls lieux en Saskatchewan où on trouve encore quelques antilopes d’Amérique. On peut aussi, si on est chanceux (ce qui n’est pas mon cas) voir des troupeaux de cerfs (plus près en apparence toutefois des wapitis). J’ai également pu voir sur place deux renards roux, qui ont hélas filés en m’entendant, si vite que je n’ai pu prendre de photos. Apparemment qu’ils se nourrissent surtout de petits rongeurs dans les Great Sandhills. Et oui, nos amis les chiens de prairies ont élu domicile même dans cette contrée aride, ce qui fait que leurs prédateurs naturels ont suivis.

Les Great Sandhills sont donc un environnement des plus particuliers, et le Québécois de passage ne peut qu’être subjugué par un paysage si différent de celui auquel il est accoutumé. C’est aussi l’occasion pour les amoureux de la nature de se recueillir avec celle-ci. Suffit de s’éloigner un peu de la route pour se débarrasser de la plupart des touristes et se retrouver dans un monde inconnu, où nous sommes l’intrus. Conjugué une telle expérience avec une journée ensoleillée, et vous passerez une merveilleuse journée en-dehors des prairies.