lundi 2 août 2010

L’ANNÉE DES CENTENAIRES


Navré de cette LONGUE pause, chers lecteurs. L’arrivée des vacances m’a fait faire récemment bien du temps supplémentaire. Mais bon, je promets que vous en aurez pour votre argent.

Aujourd’hui, je vais vous parler de deux – que dis-je, trois – grands événements qui ont marqués l’été 2010 pour les Fransaskois, mon public cible ici en Saskatchewan. Pas moins de trois villages, très francophones quand ils ne le sont pas entièrement, fêtaient cet été leurs cent ans d’existence. Ce fut d’abord Saint-Denis, le 24 juillet dernier, puis Ferland, vendredi dernier, et enfin Zenon Park, les 31 juillet et 1er août.

Je n’ai hélas pu aller à Saint-Denis (les voitures à louer étaient toutes prises), ni à Ferland (je travaillais vendredi, je serais arrivé là-bas alors que ça aurait été fini). Par contre, j’ai pu obtenir un VUS (véhicule utilitaire sport) pour aller à Zenon Park.

Zenon Park est l’un des endroits le plus au nord de la province où demeurent des Fransaskois. C’est à la hauteur de Prince Albert, à cinq heures de route de Regina si on respecte les limites de vitesse. Étant un peu délinquant, je m’y suis rendu en quatre. Ok, faux. En cinq. Mais c’est que je me suis perdu. Laissez-moi vous expliquer.

Il y a deux routes pour se rendre à Zenon Park. D’une manière ou d’une autre, il faut prendre la route 6, qui traverse la province de Regina à Prince Albert. Rendu à Melfort, une assez grosse ville sur l’axe routier (de la grosseur de Saint-Jérôme, peut-être un peu plus), il faut prendre la route 3. C’est là que les cartes se brouillent.

La grosse ville, sur la route 3, est Tisdale. C’est un axe routier fort important. De Tisdale, il y a deux routes pour se rendre à Zenon Park. La plus simple est de prendre la 35 nord, qui devient ensuite la 335, et se rend directement à Zenon Park. La seconde option est de prendre la route 23, puis de prendre la 748 pour se rendre au village de Zenon Park.

J’ai personnellement choisi la deuxième option. Elle semblait plus directe. L’affaire est que, lorsqu’on prend la 35 puis la 335, il y a un détour à prendre. Ce n’est pas le cas avec la 23 puis la 748. Désireux de gagner du temps, je choisis donc celle-ci. Or, le problème, c’est qu’une fois sur la 748, il n’y a plus rien d’indiquer. Des dizaines de petites routes en gravier et en terre battue la rejoignent, et elles sont très longues, si bien que s’y égarer est très facile. J’ai donc erré une bonne demi-heure sur la 748 et ses routes connexes. J’ai finalement abouti dans une foire agricole. Croyant que ça devait être pour le centenaire de Zenon Park (je me croyais sur le territoire de la paroisse), je m’y arrête, visite, prend des photos, achète une bouteille d’eau. Or, personne ne parlait français, si bien que j’en suis venu à me demander si j’étais bien à la bonne place. Après 15 bonnes minutes, je me décide à partir. Au moment où je quitte, j’aperçois une pancarte: Agricultural Society of Connaught: Annual Fair. J’étais à la foire agricole du comté.

J’erre donc à nouveau sur les routes pendant 10 bonnes minutes. Puis, je croise un panneau annonçant: Ferme des Poulin, Lucien & Nicole. Des francophones! Je prend aussitôt la petite entrée à côté du panneau et me retrouve sur une ferme. Un camion s’y trouve: Dieu merci, il y a des gens! C’est Mme Poulin qui me répond, et accepte de me guider au village de Zenon Park, à cinq minutes de là, au nord-ouest. Je lui en suis d’ailleurs très reconnaissant.

J’arrive donc à Zenon Park vers seize heures, le samedi. J’ai hélas manqué la parade, qui avait lieu à midi. J’ai toutefois pu assisté à d’autres célébrations, dont un spectacle le samedi soir. Cinq artistes fransaskois sont venus nous chanter – et en français! – leurs compositions. Si l’influence country s’y sentait souvent, on trouvait aussi un peu de pop et de rock. J’ai particulièrement aimé la prestation de Véronique Poulin, une jeune chanteuse d’environ 25 ans, et la fille de la Mme Poulin qui m’a guidé. Véronique a charmé son auditoire par ses chansons d’amour. Cela a profondément ému les gens, qui même, un court temps après la fin d’une ballade, ont oubliés d’applaudir. C’est revenu bien vite, mais plusieurs pleuraient encore.

Ma grande déception a été de manquer le Silo à souvenirs. Pour que vous le sachiez, le Moulin à images de Robert Lepage, à Québec en 2008, a inspiré les Fransaskois. Ils ont décidés de reprendre le concept et de diffuser des images d’antan sur la façade de l’énorme silo au cœur du village de Zenon Park, dont vous pouvez voir la photo. Hélas pour moi, à la fin du spectacle, un violent orage, qu’on sentait venir depuis un moment, a éclaté. Nous nous sommes tous réfugiés dans nos véhicules ou, pour ceux qui campaient, leur véhicule récréatif (surtout des fifth-wheels, et quelques motorisés). Mais la pluie est tombée longtemps, si bien que le Silo à souvenirs a été annulé. Il aurait toujours lieu le lendemain. Or, moi, le lendemain soir, je devais être de retour à Regina. Je n’aurai donc jamais la chance de le voir. Dommage…j’essaierai de trouver quelqu’un avec des photos!

Le lendemain matin, je suis donc parti pour rentrer à Regina. Il n’y avait aucune activité au programme avant l’après-midi, et moi, je devais partir au plus tard à midi de Zenon Park. J’ai donc pris la route à dix heures trente, pour arriver pour quatorze heures trente à Regina. Cette fois-ci, ais-je besoin de préciser que j’ai choisi la route qui faisait un détour, mais sur laquelle on ne pouvait pas se perdre?

Ce fut un beau moment, tout de même, que cette escapade à Zenon Park. Si j’aurais aimé vivre davantage les célébrations, il n’en reste pas moins que le temps que j’y étais, j’ai vraiment eu l’impression de vivre un grand moment pour la Fransaskoisie. C’était effectivement digne d’être fêté. Imaginez: pendant cent ans, quelques familles francophones, loin de tout, qui parviennent à conserver leur langue et leur culture quand dans leur propre village, ils ont longtemps été minoritaires! C’est admirable. D’ailleurs, l’avenir semble plus rose. C’est maintenant 50-50 dans le village, et si les jeunes quittent pour la ville, comme partout en Saskatchewan, il n’en demeure pas moins que Zenon Park est l’une des rares municipalités rurales qui, depuis 25 ans, est totalement bilingue. C’est une figure d’exception en Saskatchewan, même dans le cas d’autres villages où on trouve une forte proportion de francophones. Longue vie au fait français à Zenon Park!

Pour ceux que la culture fransaskoise intéresse: http://www.myspace.com/veroniquepoulin

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